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Série - #1 “Savoir pour prévoir.” Etat des lieux de l’Afrique, un continent aux enjeux multiples.

Dernière mise à jour : 21 juin 2021

Série - Quel avenir pour l’Afrique ? Prospective d’un continent aux richesses et défis pluriels


Le continent africain est source de nombreuses convoitises. L’Europe puis la Chine en sont les premiers investisseurs. Alors que de nombreuses ressources demeurent encore non exploitées, comment le territoire peut-il prendre le virage d’une croissance soutenable ? Quels sont les principaux enjeux et solutions envisageables ? Cette série d’articles nous livre décryptage et éléments de réponse sur l’Afrique de demain.



#1 - “Savoir pour prévoir.” Etat des lieux de l’Afrique, un continent aux enjeux multiples

L’Afrique est un territoire où demeure de fortes disparités entre performances économiques des pays côtiers à majorité anglophones entre autres et zones de grandes instabilités du centre équatorial et du Sahel. Le futur de l’Afrique semble donc se conjuguer au pluriel. À la lumière de deux experts de la prospective africaine, le sociologue Sall et le macro-économiste Nubukpo, sur quelles bases vont se construire les destins de ce continent aux multiples visages ?


Photo de Tomas Sanimbo provenant de Pexels


La place mortifère de l’Afrique dans le commerce international


Les grandes puissances économiques mondiales connaissent le potentiel que l’Afrique représente. L’Union Européenne puis la Chine en sont les premiers investisseurs et partenaires commerciaux. L’Union Européenne compte pour 40% des flux d’investissements vers l’Afrique et reste le premier partenaire commercial du continent. En 2018, la région MENA (Middle East and North Africa) est devenue la deuxième zone d’investissement de la Chine juste après l’Union Européenne avec 28,11 milliards de dollars investis. Ainsi, l’Afrique semble cristalliser de nouvelles convoitises et d’enjeux géopolitiques majeurs. Dès lors, comment garantir sa souveraineté économique ? Comment le continent prendra-t-il le virage de la croissance face à l’appel des sirènes néo-mercantilistes du modèle économique chinois ?


D’après Kako Nubukpo, le macroéconomiste et ancien ministre togolais de la Prospective et de l'Évaluation des politiques publiques, la manière dont les économies africaines se développent dans le commerce international est mortifère. En effet, ses économies n’ont pas été conçues historiquement comme vectrice de prospérité partagée pour les populations du continent. Par conséquent, depuis l’esclavage colonial jusqu’à aujourd’hui, le marché est structuré dans le dessein d’alimenter les différentes métropoles européennes de main d'œuvre à bas coût tout en jouissant de leurs matières premières. C’est ce que l’économiste et sociologue camerounais Martial Ze Beling appelle “la colonialité économique”. De plus, l’Afrique est le lieu d’une guerre économique entre les Etat-Unis et l’Empire du Milieu alors que cette dernière tente de développer ses nouvelles “routes de la soie”. Le continent reste donc à ce jour contraint dans des schémas d’insertion primaire au sein du commerce international.


Un continent au secteur industriel faible


Les grandes puissances africaines ont basé pour la plupart d'entre elles leur économie sur des énergies fossiles. Sur les 6 premières économies africaines représentant environ 65% du PIB africain (Egypte, Algérie, Maroc, Nigéria, Afrique du Sud et Angola), trois des six pays dépendent quasi exclusivement du pétrole. C’est le cas pour l’Algérie, l’Angola et le Nigéria notamment. Alors que les 48 autres pays composant le continent contribuent à hauteur de 37% du reste du PIB africain, il demeure un fort déséquilibre entre la répartition des richesses sur le continent.


Par ailleurs, il existe une forte disparité selon les différents secteurs de l’économie. Ainsi la contribution de la Valeur Ajoutée dans les économies africaines sont respectivement de 51% pour le secteur tertiaire, 30% concernant le secteur primaire et 16% pour le secteur secondaire. Par conséquent, sur 10 emplois créés en Afrique ces dix dernières années, 6 postes étaient destinés à l’agriculture, 3 au tertiaire et un unique poste au secondaire (industrie). Cependant, selon Kako Nubukpo, le processus d'industrialisation est un outil majeur afin d'absorber structurellement les surplus de main-d'œuvre. Pour ce faire, développer le secteur industriel est, selon le spécialiste, une opportunité à saisir pour réduire le chômage par l’intermédiaire de la formation de la jeunesse.


“L’Urgence africaine”


Outre les enjeux économiques, l’Afrique est en proie à de fortes problématiques sociales et de maintien de la paix au sein de ses territoires. La taille de la population double tous les 25 ans. Par conséquent, selon le sociologue Sall, directeur de l'Institut des futurs africains, s’il n’y a pas de modification de la structure de l’économie, il n’y aura pas de résolution possible. Face à l'Urgence Africaine d’une croissance démographique exponentielle, il est temps de repenser le modèle de développement de l’Afrique d’après Kako Nubukpo.

L’avenir du continent paraît se dessiner autour de trois enjeux principaux. D’un point de vue économique, il semble devoir relever le défis de son insertion dans le commerce international. Le continent aura également à développer un marché du travail créateur d’emploi et ce, alors que la courbe démographique du territoire croît de manière exponentielle. La préservation de la paix est également un enjeu central de la prospective africaine et reste indispensable à la prospérité du continent. Nous verrons dans un prochain article de la série quels sont les scénarios envisageables pour l’avenir de ce continent aux richesses pléthores.




Pour aller plus loin :



-Le point, « Si l'Europe manque son rendez-vous avec l'Afrique, elle manquera celui avec l'Histoire »



-Le Monde, « L’investissement de la Chine en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est devenu spectaculaire » Le , 22 mai 2019,



-Chine-Afrique : « Les nouvelles routes de la soie seront aussi militaires », 8 mai 2029


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